Sidoine à Léontius

 


Voici que Paulinus se prépare à aller te chercher, non seulement avec une flotte, mais avec le fleuve lui-même, à la faveur du reflux de la Garonne. Là ce sont tes louanges, rythmées sur leur chant cadencé, que chanteront ensemble les rameurs à leurs bancs, les pilotes à la poupe.

Là t'attend une couche faite de coussins, une table de jeu garnie de ses pions bicolores, un grand nombre de dés prêts à rebondir sur les degrés ornés d'ivoire de leurs cornets; là, pour éviter que tes pieds pendants ne soient mouillés par les roulis de l'eau malpropre de la cale, les flancs recourbés du navire seront munis d'un pont de planches de sapin; là tu seras protégé contre les perfidies du serein hivernal par l'écran d'une toile de tente inclinée au-dessus de ta tête.

Que pourrait-on faire de plus pour ta paresse raffinée que de te donner la surprise que tu es arrivé, quand tu t'es à peine aperçu du voyage ?...

 

 

 


Ausone à Théon

 


Monte en hâte sur un bateau, déroule le lin replié de la voile. Le souffle du Médoc t'emportera, étalé sous des draperies, allongé sur le lit, pour que toute secousse soit épargnée à ta forte personne. Une seule marée te portera du rivage de Dumnitonum au port de Condate, si seulement tu te hâtes et si, pour remplacer la voile quand la brise favorable tombera, tu fais aussitôt marcher ton navire à la rame. Tu trouveras tout-de-suite un chariot attelé de mules et bientôt tu seras à la villa de Lucianum.