Angoulême jadis

Quartier de la gare

 

Voici quelques vieilles cartes postales et images du quartier de la gare à Angoulême: la Grand-Font, Bel-Air, l'avenue Gambetta, la Madeleine.

Plan des 5 gares vers 1920. Cliquer pour agrandir.

Ce quartier a beaucoup changé, à cause des bombardements américains de 1944 et la reconstruction, et aussi parce qu'il y avait autrefois à cet endroit 5 gares, de 4 réseaux différents (P.O. Midi, Etat, CFD, CFEC). Je n'ai mis ici que ces vues insolites.

On peut voir le réseau ferré (voies normales et voies métriques) sur cet extrait de carte Michelin 1940


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La Madeleine

La rue de Limoges franchissait autrefois la totalité du réseau ferré par 2 ponts aujourd'hui disparus: le pont de la Madeleine, situé à 100m au sud du pont actuel (réseau PO Midi et embranchement de l'Houmeau), et le pont de l'Etat (réseaux de l'Etat et CFD), situé à l'actuelle place de la Madeleine.

La Madeleine était alors beaucoup plus proche de l'Houmeau, séparés par l'ancien pont de la Madeleine.

Vue du pont de la Madeleine vers 1860
On voit le logis de la Madeleine à droite. La voie ferrée est construite (1852), mais l'hôtel de ville pas encore (1860)
Vue du pont de la Madeleine vers 1885
Embranchement de l'Houmeau (1882, à l'extrême droite), mais Châtelet encore présent (1886). Toujours le logis de la Madeleine à droite, avec sa tourelle. Au fond à gauche (avec la loupe), le bâtiment de la gare a encore son aile ouest avec le clocheton (collège de la Marine)

L'embranchement de l'Houmeau allait jusqu'au port en passant par Rochine (le tracé existe encore). Au bout il y avait la grue d'embarquement des canons de la fonderie de Ruelle descendus par bateau jusqu'au port de Rochefort. Elle était située juste à côté du bac de Bourgine (passerelle en 1950), inutilisée depuis les années 1930 et ne sera démontée qu'en 1952.

Vue du pont de la Madeleine vers 1900
Le logis de la Madeleine est déjà bien rogné par les installations...
Pont de la Madeleine vers 1900
Tourelle du logis de la Madeleine bien cachée. Est-ce le bon pont ? Celui de l'Etat aurait un tramway (1899); la disposition des voies à gauche et des maisons tout droit serait différente (mais pas évident).
Pont de l'Etat vers 1920
On voit le réseau de l'Etat rectiligne. A droite, réseau CFD (Chemin de Fer Départementaux, le "petit Rouillac"), avec quai et halle.
Pont de l'Etat en 1945
Réseau HS après bombardements de 1944. Voie métrique du CFD à droite. Ce sera la future avenue du Maréchal de Lattre de Tassigny (tracée vers 1950), et ce pont sera transformé en rond-point avec la rue de Limoges (nouvelle place de la Madeleine, où, par une ironie du sort, l'avenue de Lattre anciennement réseau de l'Etat passe à nouveau dessous).
Vue du pont de la Madeleine vers 1960
Le nouveau pont au fond remplace l'ancien (premier plan en rouge, détruit en 1950), le boulevard du 8 Mai ne sera achevé que vers 1968 (à gauche du nouveau pont). Les 2 faisceaux ferroviaires de gauche et celui de droite sont nouveaux depuis 1950 (gare de marchandises et dépôt restructurés, tri postal). L'ancienne partie de la rue de Limoges (à gauche) ne sera renommée que vers 1990 (en rue Dr Guy Ragnaud), car les gens étaient étonnés de trouver la rue de Limoges dans ce coin là.

Avenue Gambetta

L'avenue Gambetta a pris son nom en 1882 (anciennement Rampe de la Marine), descend de l'Eperon aux gares mais continuait jusqu'à l'ancienne place de la Madeleine en ligne droite (qu'on peut encore deviner). En 1952, l'avenue du Maréchal de Lattre de Tassigny remplace l'avenue Gambetta. Elle est construite 100 plus à l'Est de cette avenue mal en point depuis 1944, dont l'ancien tracé est vite recouvert par les installations SNCF. La nouvelle avenue recouvre l'emplacement du réseau de l'Etat, depuis la gare jusqu'à la nouvelle place de la Madeleine (ancien pont de l'Etat).

Avenue Gambetta vers 1914
Vue depuis le carrefour de l'Eperon. Remarquer la portion rectiligne en bas qui n'existe plus. Au bout, l'ancienne place de la Madeleine.
Avenue Gambetta vers 1900
Vue du carrefour de la République. A droite restaurant Dumoussaud. A gauche actuellement les archives départementales.
Avenue Gambetta vers 1900
Vue un peu plus bas, mais vers le Plateau. A gauche l'hôtel d'Orléans.
Vue actuelle.
Avenue Gambetta vers 1900
Vue depuis les gares (depuis le mémorial déportation actuel). A gauche le Terminus puis l'hôtel d'Orléans.
Avenue Gambetta vers 1910
Vue encore un peu plus bas, entre la gare actuelle (PO Midi) à droite et la gare de l'Etat à gauche.
Avenue de Lattre de Tassigny vers 1960
L'ancienne avenue passait à droite, au ras de la gare. Archives pas encore construites (vieilles maisons). Déblaiement en cours à gauche.
Avenue de Lattre de Tassigny vers 1955
A droite, on voit l'ancienne ligne droite de l'avenue Gambetta, et à gauche l'ancien tunnel du réseau de l'Etat, avec la petite gare CFEC "Angoulême ville" encore debout (avec son tunnel). La gare de l'Etat était à la place de la pelouse au centre de l'image. Usine à gaz à droite (arrivée gaz de Lacq en 1959).
Avenue de Lattre de Tassigny vers 1960
Immeuble en construction à la place de la gare CFEC, au-dessus du tunnel. Maisons archives rasées. Courbe boulevard fignolée. Toujours la grosse verrue de l'usine à gaz.
Avenue de Lattre de Tassigny vers 1972
Vue quasiment actuelle. Archives départementales construites en 1968.

Les gares

Gare de l'Etat vue des tunnels
Prise vers 1900, depuis le tunnel de la Gâtine, réouvert pour le trafic routier en 1978. Réseau de l'Etat, bien rectiligne. Réseau CFEC (buissons en contrehaut sur la droite) pas encore construit.
Gare CFEC "Angoulême ville"
Construit vers 1911, le réseau CFEC (Chemin de fer économiques de la Charente, à voie métrique) avait fait creuser un 2ème tunnel au-dessus du tunnel du réseau de l'Etat (sortie pas bien loin: voir image suivante). Il y avait 2 gares: "Angoulême-Ville" et "Angoulême-Echange" en contrebas (Grand-Font). La voie ferrée métrique descendait sur la droite en douceur jusqu'au niveau des autres voies (vue actuelle).
Vue actuelle du petit tunnel (muré).

Après les 2 gares qui lui appartenaient, le réseau CFEC (le Petit Mairat) longeait le réseau de l'Etat à sa droite (à l'est). On peut encore voir le mur de soutènement à la station-service au pied de la rue des Ardillers. Mais il ne passait pas sous le pont de l'Etat (ça ne logeait pas: il y avait déjà le réseau de l'Etat et le CFD), il contournait l'arsenal à l'est (actuelle rue Paul Mairat), pour recouper le réseau de l'Etat plus loin.

Pont CFEC
Vue du pont des Fainéants vers 1915. On voit le CFEC (ligne de Barbezieux) sortir du petit tunnel à gauche et enjamber la ligne de Bordeaux par un pont métallique, pour emprunter le rue de la Rochefoucauld puis la rue de Bordeaux. Après 1934, cette ligne empruntera plutôt la ligne de l'Etat (actuellement voie de l'Europe), une 2ème voie, métrique celle-là, ayant été ajoutée. La sortie de ce tunnel, située près de la Fontaine de Chande (à gauche sur la photo), est actuellement bouchée.
Les gares
Gare de l'Etat au 1er plan et Gare PO Midi (gare actuelle) face à face et de part et d'autre de l'avenue Gambetta. Passerelle Chaignaud construite en 1902.
Vue actuelle.
Gare de l'Etat
Vue de l'avenue Gambetta vers 1900. Gare construite en 1875, détruite en 1944.
Gare de l'Etat
La gare de l'Etat était juste en vis-à-vis de la gare PO Midi.
Et voici la vue actuelle, prise exactement du même endroit. L'avenue Gambetta était devant la cabine téléphonique.
Gare vers 1900
Appelée "Gare d'Orléans", ou "PO Midi". Vue de l'avenue Gambetta. Gare construite en 1852 à partir des bâtiments du Collège royal de la Marine, réseau "Paris-Orléans Midi" (secteur sud-ouest de la France) devenue SNCF en 1938. La cour de la gare sera agrandie en 1950, et l'avenue Gambetta déviée.
Gare en 1850
La gare venait juste d'être construite dans les anciens locaux du Collège royal de la Marine. Inauguration 1852. L'aile gauche subsiste encore et est incorporée dans la gare actuelle, l'aile droite (dite de l'horloge) sera détruite vers 1890 pour faire d'autres voies.
Gare de l'Etat vers 1905
Le réseau CFEC pas encore construit (1911) mais passerelle Chaignaud oui (1902) sur réseau PO Midi.
Vue actuelle (avenue de Lattre de Tassigny et "immeuble banane").
Gare de l'Etat
Vue des voies. Au fond à gauche le pont de la rue de la Grand-Font au-dessus du tunnel sous la ville (gare CFEC pas encore construite).
Vue sur les gares vers 1905
On voit le réseau PO Midi, le pont de la Madeleine, et à droite comme dans un miroir le réseau de l'Etat avec le pont de l'Etat au bout.
Bd de la République, 1900
Toutes les maisons de l'avenue Gambetta avant 1944. Comparez avec maintenant, où l'on voit les archives départementales au centre et l'immeuble sur le tunnel à droite.
Gares en 1945
Gare de l'Etat, gare CFD, avenue Gambetta et la Madeleine détruites. Vue depuis le bd Thiers.
Vue actuelle.

Le bombardement:

Un peu d'histoire pour mieux situer les évènements: Angoulême fut bombardée à 3 reprises par les anglo-américains en 1944: le 19 mars, la Poudrerie, le 15 juin, quartier de la Grand-Font, les gares et l'Houmeau (celui-ci a fait beaucoup de victimes), et le 19 août la Madeleine. Le nœud ferroviaire Paris-Bordeaux et Saintes-Limoges était visé. Voici le témoignage d'un religieux de cette époque, M. Jacques Combeau. Angoulême fut libérée le 31 août 1944. Royan, pourtant qu'à 100 km, ne le fut qu'à la fin de la guerre (la poche de Royan), le 23 avril 1945 (et la Rochelle le 8 mai, à la chute de Berlin).

Les quartiers détruits ou endommagés ont été: la Grand-Font, les gares (Etat, CFD), la Madeleine (voies ferrées, pont de la Madeleine), l'Houmeau: gare de marchandises, rue Souchet, église, rue André Lamaud, Chavagne et rue de Paris, fonderie Cordebart, rampe de la Corderie, avenue Gambetta près du pont des Fainéants et du bd de la République. Sur certaines vieilles maisons, on peut encore voir les éclats des bombes.

Voici quelques autres photos des gares détruites, propriétés de M. Philippe Sautejeau.


La Grand-Font

"Grand-Font" signifie "grande source". La vallée de la Vimière a longtemps été champêtre (moulin de Lardillet ou des Ardilliers), puis occupée par les gares de l'Etat et CFEC, bombardée le 15 juin 1944, et concernée par un important programme de reconstruction des années 1950, jusqu'en 1963.

Gare de l'Etat vers 1905
Beaucoup d'estacades à charbon et bois. Réseau CFEC pas encore construit. Premier plan champêtre.
Gare de l'Etat vers 1905
Des jardins alors au 1er plan.
Côteau de Bel-Air vers 1900
Ancienne usine (manufacture Dupuy, imprimerie et cartonnage, 1890), encore visible du même endroit (bd Denfert-Rochereau, près de la place Victor Hugo), mais la cheminée est tronquée.
La Grand-Font vers 1910
La partie Nord vient de se construire (maisons). Gares visibles. Extension remblai pour CFEC. Moitié de tourelle du petit château à droite.
Vue actuelle.
La Grand-Font vers 1915
Ce petit château existe encore, mais au pied des immeubles.
Course cycliste en 1945
Ce n'est pas l'avenue de Lattre de Tassigny actuelle, construite sur les ruines de l'ancienne ligne de l'Etat (serait plus à gauche), mais une avenue Gambetta provisoire légèrement décalée (sans doute construite sur l'ancienne voie CFD (petit Rouillac), mais qui rejoint l'ancienne place de la Madeleine). C'est peut-être l'ancien quai de voyageurs de la gare CFD qu'on voit au centre.

Après 1944, les trains à voie métrique ont continué à rouler jusqu'en 1951 (le tramway, lui, a duré jusqu'en 1934). Le CFD (Rouillac) a emprunté les voies du CFEC en meilleur état jusqu'à Pisany. Au sud, le CFEC (ligne de Barbezieux) n'a plus emprunté la rue de la Rochefoucauld et la rue de Bordeaux depuis 1934, mais la ligne de l'Etat jusqu'à Sillac. Une voie métrique a remplacé la 2ème voie de la ligne de l'Etat, devenue purement marchandises depuis 1934 (actuellement voie de l'Europe).

Mais voici le temps de la reconstruction du quartier (1948-63).

La Grand-Font vers 1952
Sur cet extrait fortuit de carte postale, on voit un 1er immeuble construit à gauche. Ancienne fabrique à la cheminée tronquée (toujours existante) à droite. Petit château au milieu (au-dessus du pan gauche du clocher de l'église St-André). L'avenue de Lattre a été construite en même temps que ces premiers immeubles juste après 1950.
La Grand-Font vers 1955
Toujours en construction à droite et au fond (Bel-Air).
La Grand-Font vers 1960
Le vallon de la Grand-Font et Bel-Air en pleine construction. Le petit château résiste, à gauche.
Avenue de Lattre de Tassigny vers 1960
La gare de l'Etat était ici.
Avenue de Lattre de Tassigny vers 1963
Inauguration des nouveaux quartiers en 1963 par Charles de Gaulle.

Et enfin, voici la vue actuelle (ou à peu près, 1972). On voit l'avenue du Maréchal de Lattre de Tassigny, décalée par rapport à l'avenue Gambetta (dont le prolongement a disparu), elle-même dans le prolongement du tunnel de la Gâtine à droite (mur et immeuble blanc), et arrivant à la (nouvelle) place de la Madeleine. L'emprise SNCF s'est élargie, avec en particulier le centre de tri postal, le parking de la gare et "l'immeuble banane". Pour mémoire, on peut voir les emplacements des 5 gares, en rouge.


Encore avant...

Voici quelques gravures de 1820 de ce quartier. Il y avait alors le Collège Royal de la Marine, dont le bâtiment principal a été conservé et inclus dans la gare actuelle.

Collège 1820
Vue vers le nord. Le bâtiment actuel est complètement au fond à droite, on le reconnaît, de profil. On est à peu près vers le bas du bd de la République actuel; la voie ferrée de Bordeaux percera le grand mur qu'on voit de face.
Collège 1820, cour intérieure
Voici le bâtiment conservé, mais vu de l'intérieur (côté voies). Au fond on voit le couvent des Capucins, démoli en 1825 pour laisser place à la caserne St-Roch du Champ de Mars (la prison sera bien plus à gauche). Un beau pin parasol aussi...
Prairie du Collège 1820
Appelée aussi "Pré de Dieu".
Vue du collège royal de la Marine (gare actuelle). On voit des murs d'enceinte supplémentaires, au pied des remparts (vers la fontaine de Chande). Le tunnel sera percé en 1846 sous le Châtelet (marché couvert actuel). On voit aussi l'ancien château comtal juste derrière (hôtel de ville actuel), et à gauche au fond le couvent des Ursulines, démoli en partie en 1909 pour la construction de la Caisse d'Epargne. Toujours vers la gauche: l'ancien séminaire (maison du peuple, démolie en 1972), puis l'ancienne église St-Martial (démolie vers 1850).
Ce coin champêtre semblait apprécié pour sortir le dimanche.

N'hésitez pas à commenter ou à me demander la carte postale scannée dans toute sa résolution (600 dpi pour N&B, 300 dpi pour couleur), ou d'autres vues. La carte faisant entre 0,5 et 2 Mo, il vaut mieux être sur ADSL. Bien sûr, je suis preneur si vous avez des photos de cet endroit, car elles sont rares...

Nouveauté 2008 ! Cliquer sur mon lien Picasa ci-dessous pour avoir toutes ces photos à résolution 1600 pixels.

Angoulême gares 1900

Je lis Sources:
  • cartes postales anciennes
  • Archives départementales de la Charente, exposition sur les gares en 1978
  • Nos Deux Charentes en cartes postales anciennes, n° 33, Les cinq gares d'Angoulême (1986, C.Genet, 17 Gémozac)
  • Angoulême, Monuments disparus (Patrimoine Médias, 2005)
  • Photos aériennes IGN, mission 1950
  • Bulletins et mémoires de la Société archéologique et historique de la Charente (4ème trim.1985), Angoulême, la restructuration du secteur des gares de chemin de fer (Jean Comby)
  • La Charente vue du ciel (Charente Libre, 2002)